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[Divers] Parler du suicide en fiction : effet Papageno/effet Werther

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Message  groskrox Dim 13 Nov 2022 - 11:50

1. Introduction

En 1774, Goethe écrit les Souffrances du jeune Werther, un livre dont le personnage éponyme finit par se tuer par suicide d’une balle dans la tête à la suite d’une déconvenue amoureuse. Suite au succès de ce livre, une vague de suicides frappe l’Europe : de jeunes hommes usent du même moyen décrit par Goethe pour se donner la mort, conduisant même l’Église à demander l’interdiction de la publication du livre.
Il faudra attendre 1974 pour qu’une explication puisse enfin être avancée. Le sociologue David Philips démontre par le biais d’outils statistiques qu’il existe une corrélation entre la hausse du taux de suicides et la survenue d’un fait médiatique relatant un fait suicidaire décrit de manière sensationnelle. Depuis, de nombreuses études ont pu confirmer l’existence de ce phénomène, l’exemple le plus connu de cette dernière décennie étant celui de Robin Williams.
L’effet Werther est d’autant plus dangereux dans les environnements fermés comme en institution spécialisée où on observe cette contagion suicidaire. L’omniprésence des réseaux sociaux dans notre quotidien a aussi conduit à de nouveaux canaux de propagation qui amplifient ce phénomène.

Comme l’illustre l’exemple de Goethe, nous avons-nous aussi une part responsabilité dans la propagation ou non de cet effet, ce qui m’a conduite à la rédaction de cet article. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas parler de suicide, mais qu’il vaut mieux être prudent et interroger la pertinence des mots que l’on utilise, plus encore que pour notre rédaction habituelle.

2. Effet Papageno

En sachant cela, a-t-on vraiment intérêt à parler de suicide en fiction ? Car, au-delà de l’effet cathartique que la description d’une conduite suicidaire peut convoquer ou bien l’écho à la lutte interne d’un personnage, il y a bien un effet dans le réel à décrire un suicide.
La réponse à cette question est oui, d’autant plus qu’il existe un effet opposé à celui de l’effet Werther.
Papageno est l’un des protagonistes de l’opéra la flûte enchantée de Mozart. Alors qu’il croit avoir perdu tout espoir de retrouver Papagena dont il est amoureux, il songe à se donner la mort. Mais trois génies l’enjoignent à trouver une autre voie. C’est alors que Papageno se souvient qu’il a à disposition un carillon magique qui peut lui permettre de retrouver sa compagne.
L’effet Papageno est le nom donné à cet effet protecteur qui peut venir contrecarrer l’effet Werther : en utilisant les mots justes, il est possible de renforcer certains facteurs de protection pour les personnes vulnérables à une crise suicidaire.

3. Que faire ?

Il n’existe évidemment pas de recette magique et je pense que la démarche prime, il reste de bon ton d’interroger ce qui nous pousse à aborder ces sujets et la manière dont on le fait. Ci-dessous, plusieurs éléments qu’il peut être utile de réfléchir.

  • Le moyen : décrire le moyen par lequel la personne se suicide peut provoquer un suicide par imitation. Éviter de le décrire ou ne pas rentrer dans le détail peuvent réduire cet effet.
  • Romantiser l’acte suicidaire : culturellement, le suicide a pris une place particulière. On peut citer Romeo et Juliette ou bien la notion de suicide philosophique qui prend naissance dans la pensée stoïcienne. Il n’est pas ici question de critiquer ces pensées ou ces œuvres, mais surtout de comprendre que c’est dans ce contexte et ces représentations que nous évoluons. Un risque est pris en voulant ne faire du suicide qu’un coup de mise en scène.    
  • Une autre voie est possible : Je crois qu’on a tous déjà entendu cela, que le suicide pour cette personne était l’unique solution. On sait pourtant aujourd’hui que c’est faux. Par exemple, les chiffres sur le suicide sont en constante baisse depuis au moins vingt ans. Même s’ils sont encore trop élevés, des dispositifs existent, comme le numéro national 3114 qui propose une aide 24h/24 7j/7. Parler de ces ressources, montrer qu’il est possible de dépasser la crise suicidaire a un effet de protection.
  • Les conséquences de l’acte : montrer l’impact monumental que peut avoir un suicide sur l’entourage, les conséquences désastreuses que cela peut impliquer, mais aussi rappeler qu’il existe du soutien dans ces moments de drame.
  • Réduire le stigma : le suicide était historiquement considéré comme un triple crime contre soi, contre la société et contre Dieu. Cette image est toujours présente dans la manière dont on désigne l’acte : on dit souvent commettre un suicide, alors qu’en réalité les personnes en sont victimes. Il est important de garder en tête ces représentations négatives lorsqu’on choisit d’en parler
  • Mentionner les effets Papageno/Werther : la simple connaissance des effets Werther et Papageno constitue en soi déjà un facteur de protection.


4. Ressources

Pour aller plus loin, je conseille le site https://papageno-suicide.com/ Une partie du suicide est dédiée aux auteurs de fiction et j’ai cru comprendre qu’il était possible de contacter les personnes en charge du programme pour un accompagnement plus personnalisé.
groskrox

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