[Méthode] Méthode pour élaborer un personnage : l'Analyse Transactionnelle
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[Méthode] Méthode pour élaborer un personnage : l'Analyse Transactionnelle
L'Analyse Transactionnelle appliquée à la création de personnages
____L'Analyse Transactionnelle, développée par Éric Berne dans les années 1950, est une théorie sur la communication, le développement, la structure et la dynamique de groupe. En résumé, elle permet d'expliquer le comportement social d'un personnage en fonction de ce qu'il est et des autres.
Pour en savoir plus : L'AT, c'est quoi ? (visitez les différents onglets pour connaître le détail de cette théorie)
____Dans le cadre de la création de personnage, Saint Epondyle, sur son site Cosmo [†] Orbüs (lien vers le site), a écrit une série d'article destinée à aider à comprendre cette théorie, et à l'appliquer sur nos personnages - ici, plutôt orienté jeux de rôle, mais j'y ai trouvé un grand intérêt pour nous autres auteur.es
____Avec l'autorisation de l'auteur, je partage le contenu de ces articles ici.
____Rappel : Ceci est une aide, une piste de réflexion ; la théorie de l'AT est également critiquable.
____Tout ce qui suit n'est pas catégorique, vous pouvez vous en inspirer librement et en faire ce que vous voulez : il n'y a que vous qui connaissez vos personnages.
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- Hamilcar
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Re: [Méthode] Méthode pour élaborer un personnage : l'Analyse Transactionnelle
1. Les États du moi
____Selon l’AT, chaque individu possède trois « états du moi » qui sont plus ou moins marqués, plus ou moins présents, et qui ressurgissent en fonction des situations et des périodes de la vie. Chacun de ses états est présent, à différents niveaux. Les états du moi ne sont pas hiérarchisés, et aucun ne prend le pas sur les autres. Ils comportent tous des avantages et des inconvénients. Ces états sont les suivants :
____ Le Parent (P) : Le P est la partie de la personnalité héritée des parents, mentors, aînés de l’individu. Le Parent peut-être Normatif (Pn), Persécuteur (Pp), Nourricier (PN) ou Sauveteur (Ps). Le Parent réagit à l’empathie.
________- Le Pn édicte des règles et des lois dans un souci de justice, d’égalité et d’équité.
________- Le Pp abuse de son autorité (ou de son statut hiérarchique ou social), en édictant des règles injustes ou inégalitaires qu’il fait appliquer de façon autoritaire. C’est une exagération du Pn.
________- Le PN apporte son soutien, il aide par ses actions et conseille par son exemple et ses encouragements.
________- Le Ps essaye d’aider de bonne foi, quitte à en faire trop et à déresponsabiliser autrui. Il peut entraîner la dépendance malgré lui ; c’est une exagération du PN.
____[+] Un individu avec un Parent important saura se mettre a la place d’autrui, il protégera et édictera des règles, tout en sachant être juste dans ses sanctions.
____[-] Le Parent pourrait être perçu comme envahissant, trop sensible (parent-protecteur), et limitant la liberté d’autrui (parent-normatif).
____ L’Adulte (A) : Le A regroupe l’ensemble des comportements liés à la situation actuelle de l’individu, et à son environnement direct, ainsi que la part de raison et de réflexion qui existe en chacun. L’Adulte est la personnalité qui pèse le pour et le contre, prévoit, planifie, étudie. Socialement, l’Adulte sait quelle est sa place et s’il s’en éloigne, c’est en toute connaissance de cause. Le maître-mot de l’Adulte est la rationalité.
____[+] L’Adulte est rationnel, il saura généralement comprendre le cadre social dans lequel il évolue et s’y adapter. Il a une vision claire et objective de sa situation actuelle et sait se remettre en question.
____[-] À être toujours objectif et raisonné, l’adulte peut devenir froid et donner une impression d’insensibilité. À sans cesse donner un point de vue objectif et raisonné, il pourra passer pour snob.
____ L’Enfant (E) : Le E est la part d’enfant que nous gardons tous au fond de nous. C’est l’émotionnel, l’instinctif et le naturel. L’enfant peut être Libre (El) ou Adapté (Ea). Sa personnalité est empreinte d’émotion.
________- L’El apparaît chez les individus qui n’ont pas ou peu de cadre normé. Il est spontané, créatif et ouvert sur la différence.
________- L’Ea est confronté à un cadre imposé. Il peut s’y conformer (Enfant Adapté Soumis (Eas)), ou s’y opposer (Enfant Adapté Rebelle (Ear)).
____> L’Eas a appris à composer avec le cadre qui lui est imposé. En général il suit les règles car elles lui permettent de vivre avec autrui.
____> L’Ear est en conflit avec les règles sociales quand elles le limitent dans l’expression de ses sentiments et de sa créativité. Il s’oppose à l’ordre établi si celui-ci ne lui semble pas juste, ou même simplement par plaisir.
____[+] L’Enfant est créatif, il a des idées et ne se restreint pas ; il est expressif et n’a pas honte de montrer ses sentiments (qui sont nombreux). Socialement, il est ouvert.
____[-] La force des sentiments qu’il éprouve peut faire de l’enfant un individu émotif, colérique, fragile ou impulsif. Il réagira volontiers sous le coup de l’émotion, sans considérer l’ensemble de la situation.
____Avoir ce modèle du PAE en tête lors de la création d’un personnage, ou d’un PNJ permet de l’équilibrer tout en l’appréhendant de manière complète, sans être complexe. [...] L’avantage de ce modèle est sa simplicité et son côté universel.
La source
Pour en savoir plus :
> Les besoins de base
> Les états du moi
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2. Les signes de reconnaissance
____La théorie de l’AT s’intéresse aux signes de reconnaissance positifs et négatifs donnés et reçus par chacun lors de sa vie sociale. Ces signes de reconnaissance sont le plus souvent inconscients. Même lorsque ni l’émetteur ni le récepteur n’en ont conscience, ces signes de reconnaissance ont une influence sur leur relation. La façon dont chacun donne et reçoit ces signes est un facteur important de sa personnalité.
____L’objectif est ici, en ayant à l’esprit cette théorie, de permettre aux joueurs et [maîtres de jeu] de construire des relations plus intéressantes entre leurs personnages et leurs PNJs ; mais également d’explorer de nouvelles pistes de roleplay.
____Les signes de reconnaissances peuvent être positifs ou négatifs, conditionnels ou inconditionnels :
____ Le positif inconditionnel – « Je t’aime quoi que tu fasses. »
____Un signe de reconnaissance positif inconditionnel est donné sans condition ; c’est le plus positif des signes. Néanmoins, son importance est pondérée par la relation que l’on entretient avec la personne qui nous l’envoie.
____Par exemple, si votre fiancée vous complimente sur votre gentillesse, vous accepterez cette reconnaissance avec beaucoup plus de satisfaction que si elle émanait du garçon de café du coin (avec lequel vous n’entretenez qu’une relation de commerçant à client). Elle pourrait même, dans ce cas, vous sembler étrange ou intéressée.
____ Le positif conditionnel – « Je t’aime si… »
____La reconnaissance positive conditionnelle est soumise à certaine exigences ; on ne félicite pas son interlocuteur pour se qu’il est, mais pour ce qu’il fait.
____Par exemple, si cette même fiancée vous remercie de lui avoir apporté son petit déjeuner au lit un dimanche matin ensoleillé, en vous complimentant sur votre gentillesse, il est évident qu’elle ne l’aurait pas fait si vous n’aviez pas vous même agi pour lui faire plaisir.
____ Le négatif conditionnel – « Je ne t’aime pas si… »
____Le signe de reconnaissance négatif conditionnel est l’inverse du précédent. A certaines conditions, on enverra un signal négatif à notre interlocuteur, non pas pour ce qu’il est mais pour ce qu’il fait.
____En reprenant notre exemple, votre fiancée pourrait probablement vous reprocher votre égoïsme si, le dimanche matin, vous lui réclamiez de vous faire servir votre petit déjeuner au lit.
____ Le négatif inconditionnel – « Je ne t’aime pas quoi que tu fasses. »
____Les signes négatifs inconditionnels sont des signaux envoyés pour ce que l’interlocuteur est, plutôt que pour ce qu’il fait. De la même manière que pour le signe positif inconditionnel, ce signe est pondéré par la relation que l’on entretient avec la personne qui nous l’envoie.
____Ainsi, si votre fiancée vous reproche votre égoïsme en général, vous risquez d’être bien plus touché que si le reproche vous vient du garçon de café (ce qui ne serait pas très commerçant de sa part, je vous l’accorde).
____Bien évidemment, personne ne se contente d’envoyer un seul type de signes, ni n’abonne un individu à un type de signe en particulier. Encore qu’une mère (ou un amoureux transi) pourra privilégier les signes positifs inconditionnels envers sa progéniture (ou son âme-sœur). Mais de manière générale, les signes envoyés dépendent de la relation entretenue avec l’interlocuteur, en général et sur le moment.
____Là où cette théorie rejoint le JdR, c’est dans la manière qu’ont les individus de distribuer et de recevoir des signes de reconnaissance. Bien sûr, tous ces concepts peuvent être compris uniquement si on considère qu’ils sont autant conscients qu’inconscients, des deux côtés de la relation.
____Dans la création d’un personnage ou d’un PNJ, dont on voudrait explorer la personnalité en profondeur, il serait intéressant de se poser les questions suivantes :
____ Quels signes est-ce que je m’autorise à donner ?
____Dans la manière de saluer les autres, de leur serrer la main, de leur sourire (ou d’être froid et distant), je leur renvoie une image d’eux même. Un personnage souriant, aimable et chaleureux sera logiquement mieux perçu par son entourage car il donnera l’impression aux autres de les apprécier. Un individu qui sait féliciter, récompenser ou se montrer généreux envers autrui sera plus apprécié, et inversement.
____ Quand j’ai besoin (ou envie) d’un signe de reconnaissance, est-ce que j’ose le demander ?
____Demander un signe de reconnaissance peut prendre plusieurs forme : Certaines personnes exhibent leur état afin de recevoir des signes de la part de leur entourage, elles montrent ostensiblement qu’elles ne vont pas bien en espérant qu’on s’intéresse à elles et qu’on les console. Plus simplement, le fait de poser une question du type « Comment me trouves-tu aujourd’hui ? » est une demande de signe de reconnaissance directe.
____Un individu qui ne demande jamais de signe de reconnaissance à autrui, alors qu’il souhaiterai en recevoir, est susceptible d’emmagasiner des frustrations. Ainsi, quelqu’un peut en vouloir à son entourage de ne pas l’avoir soutenu pendant un moment difficile par exemple, alors qu’il n’avait pas manifesté qu’il aurait voulu l’être.
____ Lorsque je reçois un signe, est ce que je m’autorise à l’accepter ?
____Accepter un signe de reconnaissance, c’est se ranger sur l’avis de la personne qui l’envoie. Que le signe en question soit positif ou négatif, le fait de l’admettre sans essayer de le contredire est une auto-critique.
____Par exemple, si votre fiancée vous complimente sur votre gentillesse et que vous la remerciez simplement, sans essayer de détourner le sujet en disant « Je suis moins bien que toi », alors vous acceptez son signe et vous lui renvoyez une image positive d’elle-même. De même, si votre supérieur critique la désorganisation de votre travail, il préférera que vous acceptiez la critique plutôt que de vous voir la justifier ou la nier.
____ Dans votre for intérieur, quels signes vous autorisez-vous à vous donner ?
____Certains, dans leurs dialogues intérieurs, s’envoient des signaux à eux-mêmes. D’autres refusent de le faire, ce qui engendre une frustration intérieure et une mauvaise image d’eux-même.
____Ainsi, en contemplant son reflet dans le miroir, un Narcisse pourra se trouver beau et s’auto-féliciter de sa beauté. En ayant fait une erreur, il pourra se le reprocher et en analyser les causes. La première situation lui donnera confiance en lui, ce qui sera perçu par son entourage ; et la seconde lui permettra de s’améliorer pour le plus commettre cette erreur (ou pour corriger un trait de caractère par exemple).
____À l’inverse, un individu qui refuserai de porter un jugement (positif ou négatif) sur lui même ne pourrait pas s’améliorer, et ne serait pas nécessairement bien perçu par autrui. Avoir un trait de caractère difficile n’est pas gênant en soi, si on arrive à le canaliser pour éviter de nuire à la relation sociale.
____Pendant une partie de JdR, le fait d’avoir en tête les différents signes de reconnaissance, et de savoir comment son personnage a l’habitude d’y réagir devient passionnant. C’est en se demandant comment il va réagir à tel ou tel signe (venant de tel ou tel individu), qu’un personnage pourra se construire autour d’une personnalité crédible et cohérente sur la durée.
La source
Pour en savoir plus :
> Les signes de reconnaissance
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3. La structuration du temps
____L’AT s’intéresse aux interactions entre les individus, et plus particulièrement à la manière de structurer le temps au sein des relations sociales. Bien qu’une connaissance de base de cette théorie du comportement puisse intéresser les joueurs pour leur interprétation dans le JdR, il est évident que celle-ci est plutôt utilisable par les [maîtres de jeu] qui ont de nombreux PNJ à jouer, ainsi que de nombreuses relations à tisser entre eux, et entre eux et les joueurs.
____Lors de tout contact social, les individus structurent leur relation autour du temps qu’ils passent dans cette relation, ainsi que de leur niveau de proximité avec l’autre. Les différentes manières de structurer le temps sont les suivantes :
____ Le retrait
____En cas d’absence de relation ou d’absence de volonté de communiquer de la part des individus apparaît le retrait. Afin d’éviter de devoir entrer en relation, l’individu peut recourir à différentes occupations qui le couperont symboliquement de son interlocuteur potentiel. Ainsi, on pourra consulter son téléphone portable, allumer une cigarette, lire un panneau quelconque, juste pour ne pas avoir à communiquer. Cette situation apparaît largement dans les situations où les individus ne se connaissent pas et doivent néanmoins partager leur espace vital, comme dans une salle d’attente, un ascenseur, ou tout autre lieu public.
____Si le retrait peut être utile pour éviter le contact social forcé, le fait de l’adopter systématiquement traduira généralement une volonté de se surprotéger par rapport à l’environnement. Un tel comportement peut finir par devenir franchement handicapant, voire conduire au suicide social.
____ Le rituel
____Il s’agit du niveau le moins impliquant de la relation. Lorsque la relation entre deux individus est peu intime, il est courant de recourir à des échanges peu intenses, de pur rituel. Ainsi, en échangeant autour de sujets de pure forme (la météo, les retards à la SNCF…), les individus pourront créer un terrain favorable avant de passer à des relations plus intenses, ou pas.
____Le rituel est donc une situation de communication lors de laquelle les échanges se limitent à un strict minimum, dicté par le peu de proximité entre les interlocuteurs et/ou par les obligations sociales du moment. C’est par exemple le cas lorsqu’un individu se retrouve « contraint » de tenir une conversation avec sa famille éloignée, les amis de ses amis, les collègues de sa femme… Ainsi, les sujets de conversation resteront limités au non-impliquant, jusqu’à ce que le niveau d’intimité entre les interlocuteurs augmente, ou que des sujets d’intérêts communs soient découverts (comme les dernières performances du FC Lens ou du MFK Lokomotiv par exemple).
____ Le passe-temps
____Au dessus du rituel se trouve le niveau de passe-temps, lors duquel la relation reste dans le domaine conventionnel, mais se développe un minimum. Comme son nom l’indique, ce niveau de relation induit plus de temps que le rituel basique, toujours à un degré non intime et non-impliquant.
____Par exemple, l’individu pourra recourir au passe-temps lorsqu’il devra meubler tout un dîner ou toute la durée d’un trajet, avec une discussion plus forcée que naturelle.
____Les sujets abordés pourront être un peu plus complets et variés que pour le rituel, néanmoins personne n’ira jusqu’à des prises de positions trop tranchées. Par exemple, on pourra se contenter d’un sourire entendu lors des élucubrations racistes d’un collègue, plutôt que de s’offusquer en lui reprochant des considérations que l’on ne partage pas. « Ça n’en vaut pas la peine », étant donné notre niveau de proximité avec ledit collègue. Pourtant, les mêmes élucubrations tenues par un ami proche nous feraient autrement plus réagir ; ne serait-ce que pour le convaincre de changer d’avis.
____ L'activité
____Enfin plus gratifiante et intéressante que les précédentes, l’activité est la situation lors de laquelle les individus mènent ensemble une relation destinée à atteindre un but. Typiquement, lors d’une relation professionnelle, les différents acteurs interagissent sur une durée qui peut être très longue (plusieurs mois, voire plusieurs années) afin de mener un ou plusieurs travaux. C’est également le cas lors d’une partie de JdR dans un club dont les membres ne se côtoient qu’a travers cette activité, ou dans un club sportif par exemple. Dans ce cas, l’intimité entre les acteurs est limitée, mais suffisante pour structurer le temps de manière à créer un climat propice à travailler, ou à toute autre activité.
____Toutefois, si cette forme de structuration du temps est attendue dans la vie professionnelle, il est évident que d’autres peuvent exister. Ainsi, des collègues proches pourront être en situation de Jeu voire, plus rarement, d’Intimité, et inversement.
____ Le jeu
____Il est courant que les individus troquent inconsciemment une relation sociale naturelle contre un jeu dans lequel chacun jouera un rôle préétabli inconsciemment. Les rôles les plus communs sont celui de la Victime, du Sauveur et du Persécuteur. Bien que chacun ait son rôle « favori », il pourra adopter l’un ou l’autre en fonction des situations. Prenons un exemple.
____Si votre ordinateur tombait en panne à l’instant, en vous empêchant de lire la suite de cette formidable présentation, cela serait l’occasion idéale de proposer un jeu à votre entourage direct. Ainsi, en poussant un hurlement et en maudissant votre mauvaise fortune, vous pourriez adopter la position de la Victime : « Ça ne marche jamais ! Quel ordinateur pourri ! »
____À son tour votre entourage pourrait entrer dans le jeu ; par exemple, votre petit frère qui passerait à proximité pourrait se placer en Sauveur et ainsi entrer dans le jeu : « Mon pauvre, utilises-donc le mien, je n’en ai pas besoin. » À l’inverse, l’avorton pourrait décider de se positionner en Persécuteur et vous dire d’un air sarcastique : « Il n’y a que les mauvais soldats qui ont un mauvais matériel ! Moi qui croyais que tu étais un geek ! » (De fait, le frère ferait ici un amalgame honteux, mais le sujet n’est pas là.)
____Autre exemple. Lors d’une soirée DVD, vous et deux de vos amis décidez de regarder le premier Matrix. Or, en introduisant le disque dans votre lecteur, l’image qui apparaît à l’écran est toute brouillée et le son inaudible ! Le DVD est manifestement rayé. C’est alors que l’un de vos amis décide d’endosser le rôle de la Victime, en fondant en larmes : « Oh ! Moi qui me faisait une joie de voir ce film ! » Le second ami pourra décider de le consoler, en prenant le rôle du Sauveur et en venant à son secours : « Allez, ce n’est pas grave, nous le téléchargerons (légalement) dès demain ! » Devant cette situation, vous pourrez décider d’entrer dans le jeu à votre tour, en prenant au choix l’un des trois rôles. Ainsi, en consolant le premier ami vous aussi, vous deviendrez Sauveur : « Oui, et d’ailleurs j’ai plein d’autres films que l’on peut regarder maintenant ! » Symétriquement, vous pourrez décider de vous faire consoler vous aussi, et donc de prendre le rôle de la Victime : « Moi aussi je voulais tant le voir ! Et maintenant la soirée est foutue ! » Enfin, vous pourrez utiliser un registre caustique et endosser le rôle du Persécuteur : « Cette image brouillée me rappelle « The Ring ». Vous l’avez vu ? »
____De fait, chacune de ces postures est une stratégie visant à s’emparer du pouvoir dans la relation.
____ L’intimité
____Le plus haut niveau d’implication dans la relation est celui de l’intimité. Par définition, ce degré d’intensité dans la relation est réservé à une petite partie de nos relations sociales.
____L’intimité est l’occasion d’un échange naturel en toute confiance. Il n’est pas forcément du registre amoureux et peu concerner les membres d’une même famille, un groupe d’amis soudés etc. À ce niveau de relation, on accepte l’autre sans masque ni défense, et on attend de lui qu’il nous rende la pareille. On est pleinement naturel, avec nos qualités et nos défauts.
____Toutefois, cette intimité n’est pas synonyme de bonheur total et constant ; on peut très bien imaginer une situation ou les individus intimes se soudent dans l’adversité, par exemple lors d’un deuil ou d’un « coup dur » qui frapperait l’un d’eux. De manière générale, on est intime qu’avec un nombre limité de personnes. Cet état nécessite généralement de très bien connaître les personnes avec qui on le partage, ce qui limite de facto leur nombre.
____En JdR, il peut être très utile d’avoir ces concepts en tête pour le [maître de jeu], afin de structurer les relations entre les personnages et les PNJs, mais également entre les PNJs eux-mêmes. Ce petit effort permettra de donner à vos parties un réalisme de bon ton, en particulier si vous cherchez à axer un scénario sur les relations entre les personnages du type « intrigues à la cour ».
La source
Pour en savoir plus :
> La structuration du temps
> Les jeux psychologiques
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4. Les positions de vie
____Qu’ils soient PJ ou PNJ, les protagonistes d’une partie de JdR réussie devront entrer en interaction les uns avec les autres. Néanmoins, il est évident que chacun n’aborde pas sa relation à son environnement social de la même manière. Les positions de vie servent à poser les bases de la vision du personnage sur lui-même et sur les individus et le monde qui l’entourent. Plus ou moins développés, ces traits généraux vont de la simple tendance jusqu’à la névrose profonde.
____Le plus souvent, les individus alternent entre ces différentes positions, tout en en adoptant une principale qui participe à leur personnalité. N’avoir qu’une seule position de vie est souvent synonyme de l’avoir à un niveau trop développé, et donc s’approcher de comportements extrêmes.
____On symbolise l’image qu’a l’individu de lui-même et d’autrui avec un + ou un -. Chaque personne est réputée avoir un duo dont le premier signe symbolise sa perception de lui-même, et le second sa perception de son environnement social (donc des autres individus). Ce qui nous donne quatre possibilités :
____[+ -] « Je suis ok, vous êtes de trop. »
____La position de vie +- est adoptée par l’individu qui se considère comme « ok », au contraire de son environnement social. Enclin à un sentiment de supériorité sur ses semblables, il sera alors soumis à un ressenti de haine ou de révolte (en cas de position de subordination). Dans le cas où cette position de vie sera très forte, elle pourra conduire à des actes de négation d’autrui comme la torture ou le sadisme, voire à la destruction d’autrui c’est-à-dire le meurtre.
____Toutes les idéologies racistes ou prônant la supériorité d’une partie de l’humanité sur une autre relève d’une position de vie +-. Par extension, le régime nazi et sa barbarie génocidaire est absolument caractéristique de l’idée qu’entre l’individu (ou le groupe d’individu en l’occurrence) et autrui, ce dernier est de trop.
____Sans être obligatoirement un abominable nazi, un personnage placé sur une position de vie +- aura une tendance forte au mépris, à l’imposition de son point de vue, à l’utilisation des autres et - éventuellement - à la violence dirigée contre autrui sans scrupule aucun.
____[- +] « Je suis de trop, vous êtes ok. »
____L’inverse de la situation précédente est la position dans laquelle l’individu se considère comme inférieur par rapport à d’autres qu’il voit comme « ok ». Se dévalorisant lui-même, il sera logiquement amené à développer un sentiment de désespoir, de mélancolie voire - dans les cas extrêmes - à la négation de soi par des actes de mutilation et de masochisme, ou enfin à l’auto-destruction (suicide). Notons au passage que ce suicide n’est pas à prendre au sens vital uniquement, et qu’il peut tout à fait être un suicide professionnel, un suicide social, un suicide médiatique - ou autre - selon les cas de figure.
____Les comportements de soumission ou d’admiration poussée sont généralement la conséquence d’une position de vie -+, au moins en partie. Ce qui signifie que le fait de ne pas se révolter face à la tyrannie est la preuve d’un certain manque d’estime de soi personnel ou de groupe. Et ce quels que soient les éventuels moyens de lutte dont ils pourraient disposer.
____Un personnage -+ sera généralement un suiveur sans grosse capacité de décision ou de leadership. Enclin à l’admiration et à l’auto-dénigrement. En forçant le trait, il sera capable de se mettre en danger sans héroïsme (dont il se croit incapable), jusqu’à éventuellement causer sa propre perte.
____[- -] « La vie ne vaut rien. »
____La position de vie -- est celle adoptée par celui qui se considère, ainsi que le monde qui l’entoure, comme uniquement négatif. D’avis qu’il n’est pas « ok », mais que personne ne l’est non plus, celui qui vit sur cette position développera un certain nombre de stratagèmes destinés à fuir cette réalité qu’il réfute. Il sera donc enclin à se réfugier dans divers moyens d’évasion comme les drogues, l’excès de jeux vidéo au détriment de toute vie sociale, et de manière générale toutes les addictions possibles à un niveau pathologique.
____Les individus recherchant à éviter le contact avec le monde, affectivement indifférents et sociopathes sans intérêt pour leurs semblables sont symptomatiques de cette position de vie.
____Le personnage — aura généralement une incapacité totale à s’attacher à autrui, et défendra autant que possible l’idée que personne n’est vraiment digne d’intérêt, lui y compris. Il fera tout pour s’évader de ce monde dans lequel il ne se reconnait pas, par exemple en se livrant à l’addiction à toutes sortes de drogues. La figure du no-life sans aucune vie sociale, enchaîné à son ordinateur et à ses jeux en ligne est à modérer par l’idée que souvent, c’est la difficulté perçue de la vie sociale IRL par rapport aux jeux dont il maîtrise les codes qui le pousse à ce comportement, et pas une opinion négative du monde réel.
____[+ +] « Rien ne vaut la vie. »
____Position de vie recherchée par les adeptes du développement personnel, le ++ est la situation dans laquelle l’individu se voit comme positivement égal aux autres. Je ne suis ni parfait ni mieux qu’autrui, j’ai mes qualités et mes défauts, et mon prochain également. La personne sera alors capable de se voir dans des termes positifs et comme participant à l’harmonie (ou l’amélioration) de son univers social.
____L’engagement, l’association ou la séduction sont autant de comportements relevant d’une position de vie ++. L’idée est qu’en agissant ensemble, les individus pourront créer une dynamique positive et atteindre leurs objectifs. Ce qui ne veut surtout pas dire que le monde est perçu comme sans défaut, ni que tout le monde est bienveillant et généreux, mais plutôt que quelle que soit la situation, l’union fera toujours la force.
____Le personnage ++ sera généralement doté de l’esprit d’entreprise, capable de lancer des projets et de mobiliser ses proches pour les mener à bien. Il fera preuve de leadership et sera sensible à une résolution des problèmes par négociation ou par la voix démocratique. En exagérant, il pourrait également se montrer narcissique ou bien-pensant, occultant la dure réalité par sa vision trop enchanteresse du monde.
____Le schéma suivant reprend ces quatre positions de vie. L’axe vertical correspond à la vision de l’individu sur lui-même (de + à -), et l’axe horizontal à celle qu’il porte sur son environnement social (de + à – également). On peut considérer schématiquement que le cercle rouge correspond à la zone dans laquelle se situent la majorité des individus ; les autres présentent des troubles du comportement correspondant à une position de vie trop marquée. Les indications « meurtre », « narcissisme », « fuite » et « suicide » sont bien entendu données à titre de rappel schématique, et ne constituent pas de règle absolue, mais plutôt des tendances générales.
Schéma des positions de vie, réalisation maison.
____La société dans laquelle les personnages évoluent peut évidemment influencer leur position de vie générale ou à l’égard de certains groupes sociaux. Par exemple dans une société d’ancien régime, les nobles pourraient être attirés par tradition et éducation à se comporter en +- par rapport aux manants, tout en conservant une autre position de vie vis-à-vis de ceux qu’il considèrent comme leurs égaux.
____Dans la théorie initiale de l’AT, qui fut conçue pour être utilisée en entreprise, la vision ++ est bien entendu présentée comme un idéal à atteindre. Paradoxalement, la position de vie ++ est également celle qui donnerait les personnages les plus lisses. Dans le cadre d’un JdR, il est plus intéressant de jouer sur les différences de façon à créer des personnages [plus] profonds et complexes.
____Lors d’une partie de JdR, ces positions de vie peuvent servir à indiquer un positionnement général au [maître de jeu]. Ainsi, en notant « ++ » par exemple dans un coin de sa feuille de PNJ, se dernier pourra improviser sur cette base les interactions du PNJ vis-a-vis des autres.
____Les joueurs quand à eux devront développer plus en détails leur personnage, et pourront utiliser ces positions de vie pour guider les grandes lignes de leur interprétation. Pourtant, il est nécessaire de savoir se détacher des clichés pour ouvrir de nouvelles pistes d’interprétation.
____Comme l’ensemble de mon application de l’AT au JdR, cette partie n’est pas à prendre au pied de la lettre ou à appliquer avec trop de rigueur.
La source
Pour en savoir plus :
> Les positions de vie
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