[Fiche] 14 jours pour brainstormer sur un projet (à la sauce Lilia)

Hello à tous ! J'avais conçu un mini-preptober (octobre de préparation au nano) pour brainstormer sur son intrigue. Je l'avais un peu oublié, mais je viens de retomber dessus, donc si ça peut aider certaines personnes...


Le principe : Chaque jour, il y a deux questions. Au bout de 14 jours, vous avez déjà pas mal de choses pour vous aider à construire votre intrigue ou vos personnages.

 La question classique : une question qui ne devrait pas vous prendre trop trop de temps.
 La question sadique : une question qui prend un peu plus de temps. Souvent, y répondre demande de modifier ce que l’on prévoit pour imaginer les choses différemment, expérimenter dans le plan, explorer les différentes possibilités. Ces expérimentations ne seront pas toutes gardées, mais il est possible que cela vous ouvre des pistes pour votre histoire-là ou des projets futurs.


14 jours pour brainstormer

Jour 1 (celui qu'on retient)
Question classique : Faites la quatrième de couv de votre histoire.
Question sadique : en quoi vitre histoire est-elle originale ? Le but est ici que vous preniez conscience des points de force de votre texte (ce qui le rend original, unique), et ainsi d'appuyer dessus lors de l'écriture de votre roman.


Jour 2
Question classique : en quelques phrases, décrivez votre/vos personnage principal (maxi 3) (pas en mode fiche personnage, hein, mais grosso modo, les informations qui vous paraissent importantes).
Question sadique : en quelques phrases, décrivez votre/vos personnages (maxi 3), vu par votre antagoniste (si pas d’antagoniste, vu par un autre personnage qui ne porterait pas votre protagoniste dans son cœur, un amant déçu, un collègue jaloux, un professeur insatisfait, un parent au bord de la crise de nerf …)

Jour 3
Question classique : Décrivez le cadre de votre histoire (époque et lieu)
Question sadique : Changez soit le lieu, soit l’époque de votre histoire, soit le genre (soit deux ou les trois si vous êtes vraiment fou) et regardez ce que ça change pour l’intrigue, pour les personnages. Refaites votre quatrième de couv en valorisant bien ces différences. Vous pouvez aussi (ou à la place) refaire la description des personnages.

Jour 4
Question classique : Quel est le thème de votre histoire ?
Question sadique : Trouvez au moins 3 variations autour de ce thème dans votre histoire (intrigues secondaires, personnages secondaires…) ou essayez de regarder ce qu’il se passerait si vous vous arrangiez pour que ça soit possible.
Exemple issus de mon premier roman (#autopromo) : le thème était « la manière de s’accomplir en tant que femme dans le Paris de la Belle Epoque (une Belle Epoque magique). Mon héroïne s’accomplissait à la fin, mais tout du long du roman, elle rencontrait des femmes qui avait trouvé leur façon de faire : s’accomplir en devenant mère, en travaillant, gagner une position sociale grâce à l’argent ou le mariage ou encore avec ses pouvoirs magiques...  Quasi chaque perso féminin proposait une variation autour du fait de s'accomplir en tant que femme
 Deuxième exemple issus de mon deuxième roman (#jamaistropdautopromo) : Très légers spoilers. le thème était la folie. Il y avait donc des animaux anthropomorphes qui se transforment peu à peu en animaux sauvages (perdent la parole, cessent de s’habiller, de raisonner comme des humains), il y avait mon héroïne schizophrène, des personnages qui perdent la mémoire…
Note : je suis un peu obsédée par la récurrence du thème que je fais varier dans mon histoire. Mais il s'agit d'une obsession un peu hérité du modèle américain. De Snyder ou de Truby, je ne sais plus. En France, on est moins obnubilé par la notion de thème, je crois. Cette question un peu chiante sert à envisager les choses autrement, voir ce qu'il se passerait si...

Jour 5
Question classique : Quel est le but du protagoniste ?
Un enjeu est ce que risque le personnage s’il échoue dans son but. Exemple : On fait un pari. Le but est de gagner le pari. Mais l’enjeu n’est pas le même si vous avez parié 2€ ou votre billet gagnant du loto.
Quel est l’enjeu de votre intrigue principale ? S’il y en n’a pas, alors choisissez-en un. (exemple, dans Le Pont de la rivière Kwai, si le colonel ne finit pas le pont dans les temps, il devra se suicider. Contre-exemple : dans « de toutes nos forces », un quinquagénaire veut faire un triathlon en portant son fils paraplégique pendant l’épreuve. Que se passe-t-il s’il échoue ? Rien, il a déjà regagné la complicité avec son fils avant le début de l’épreuve.)
Supplément que vous pouvez sauter parce qu'issu de mes propres réflexion et non des mes bouquins de théorie.
Un enjeu particulier est plus important pour le lecteur qu'un enjeu général (quand bien même l'enjeu général est plus important pour vos personnages)
Exemple d’enjeu général : le grand méchant va dominer le monde, la bombe explose dans le supermarché, l’assassin va tuer une victime de plus, le pays va perdre la guerre… Problème : le lecteur ne s’implique pas émotionnellement dans la mort hypothétique d’un personnage qu’il n’a jamais vu, il ne se soucie pas tant que ça d’un pays entier ou du supermarché.
Je propose donc de penser particulier, de rattacher l’enjeu général à quelque chose d’important pour les personnages auquel le lecteur s’est attaché. Si le fils de l’héroïne est dans le supermarché où la bombe est censé explosé, c’est mieux. Si le héros s’était promis de renouer avec sa famille qu’il a quitté vingt ans plus tôt s’il sauve le monde, c’est mieux.
(et la mort du personnage lui-même ne suffit pas s'il ne perd rien de plus que la vie. Frodon pourrait mourir en tentant de détruire l'anneau, ça changerait quoi ? S'il attendait de revoir ses enfants ou devait se faire pardonner auprès d'un ami, ça serait plus marquant, je trouve. Ouais, je critique le Seigneur des anneaux, je suis une dingue )
Bref, toute cette digression pour dire que si votre enjeu est un enjeu général, ajoutez-y un enjeu particulier, juste pour cette question, pour me faire plaisir.

Jour 6
Question classique : essayez de trouver deux opposition, deux difficultés que traverse le protagoniste.
Question sadique : essayez de trouver un midpoint, un point de non-retour après lequel rien n’est plus comme avant. Montrez en quoi il y a vraiment un avant et un après.

Jour 7
Question classique : Quel est le conflit central de votre histoire ? (pourquoi le personnage a du mal à arriver à ses fins)
Question sadique : essayer d’exprimer un axe de votre histoire (pas forcément avec le perso ou l’intrigue principale) sous forme de paradoxe.
Par exemple : Pour se faire pardonner ses fautes, Angel décide d’aider la jeune tueuse de vampire dans sa quête. Mais son amour pour elle risque de le faire redevenir Angelus, le vampire sanguinaire qu’il a été. (#meilleurexempleforever)
Exemple 2 : En combattant de toute la mafia, Micheal devient tout ce qu'il détestait.

Jour 8
Question classique : La surprise (le personnage apprend une information imprévue en même temps que le lecteur) s’oppose à l’ironie dramatique (le lecteur apprend une information importante avant le personnage principal). Y a-t-il une surprise ou une ironie dramatique pour votre personnage principal ?
Question sadique : Si ni surprise, ni ironie dramatique, essayez de réfléchir ce que ça donnerait s’il y en avait une.
Si à la question précédente vous avez choisi « surprise », cherchez une ironie dramatique (et inversement).

Jour 9
Question classique : citer une ou deux qualités/talent pour chaque personnage principal.
Question sadique : Imaginez au moins une scène qui montre cette caractéristique (s’il est courageux, une scène où ce courage est montré. Pas besoin de grosses, grosses scènes. Faire ça si possible dans la première moitié de l’histoire. Une héro qui montre ses caractéristiques qu’à la fin, c’est un peu tard (oui, même si c’est « dit » au début de l’histoire, il faudrait le "montrer" au moins une fois dans la première moitié))

Jour 10
Question classique : citez un ou deux défauts pour chaque personnage principal.
Question sadique : trouvez une scène qui serait dans la première moitié pour illustrer en quoi le défaut est un souci (Imaginez une scène ou l’antagoniste se sert de ça contre lui ou imaginez une scène où sa faiblesse blesse un autre personnage, par exemple)

Jour 11
La question trajectorielle est « Est-ce que le personnage qui a besoin de grandir va changer ? ». Tous les personnages n’ont pas nécessairement besoin de changer. Le personnage qui a besoin de changer n’est pas forcément le protagoniste, ça peut être un autre personnage. Il existe 2 types de trajectoire : un changement sur la personnalité (Machin devient plus humble, Bidule accepte sa différence, Truc cesse d’être cupide) ou un changement de comportement (Bidule pardonne, Machin n’est plus hanté par son passé.) Pour les plus courageux, j’ai fait une fiche ici : https://communaute-hdromans.forumactif.com/t13808-conseil-la-question-trajectorielle-selon-lavandier Un peu d’autopromo, ça ne fait pas de mal… (Sinon, vous pouvez lire "Construire un récit", de Lavandier)
Question classique :  Est-ce qu’un des personnages a un acte trajectoriel, un défaut qu’il devrait être travaillé ?
Question sadique :
Pour l’un des personnage, trouvez les quatre éléments indispensables pour que la question trajectorielle soit complète :
– une scène A qui montre le trait de caractère qui va faire l’objet d’une évolution
– une ou plusieurs scènes B qui montre la raison du changement.
– le moment C où le personnage bascule, appelé climax trajectoriel. Moment d’autant plus efficace si le personnage est mis face à un choix (ou mieux un dilemme)
– une scène D où l’on voit le nouveau trait de caractère (scène à ne pas négliger)

Jour 12
Question classique : imaginez le passé de vos personnages. En quoi ce qu’ils ont vécu avant le début de l’intrigue les impacte (le premier qui me dit que « impacter » n’est pas français, je le lapide)
Question sadique : La backstory : fantôme, blessure et élastique.
Un fantôme est un évènement ponctuel, souvent traumatique, qui influe sur le présent du personnage. (exemple, Wilson dans Dr House veut toujours aider tout le monde parce que l’unique foi où il n’a pas voulu aider son frère, ce dernier en plein délire s’est enfuit et a disparu depuis)
Une blessure sont des failles sur la durée. Le harcèlement est une blessure, ou juste la famine qui résulte de la guerre par exemple.
Un élastique est un processus émotionnel qui relie brutalement un évènement présent à un évènement passé, souvent une blessure. Le personnage réagit alors de façon disproportionnée à l’évènement présent. Par exemple, Papi qui a vécu les tickets de rationnement vivre très mal que son petit-fils jette de la nourriture. Notons que l’élastique pleut aussi être positif : quand Proust mange sa madeleine, il se souvient de sa tante avec bonheur.
Maintenant au boulot et trouvez-moi un fantôme, une blessure ou un élastique pour un de vos personnages. (ça peut être un personnage secondaire ou même l’antagoniste. Il n’y a pas que les héros dans la vie). Pour les plus courageux, vous pouvez même trouvez un de chaque (mais pas forcément pour les mêmes personnages).

Jour 13
Question classique : Citez une ou deux relations fortes entre vos personnages (amitié, haine, amour, relation filiale, maître/professeur, patron/employé). En quoi, ces relations contribuent-t-elles à la dynamique du récit ? (l’amitié entre Sam et Frodon permet de détruire l’anneau… L’amour entre Achille et Patrocle explique la mort d’Hector…)
Question sadique : Imaginez comment ces relations pourraient être mises à mal dans les aventures du récit.


Jour 14
Question classique : Il est possible de voir les antagonistes comme les héros de leur propre histoire. Qu’est-ce qu’ils aiment et qui pourraient les rendre sympathique aux yeux du lecteur ? (fait des gâteaux quand il est stressé ? Collectionne les recueils de poèmes ? Fait la lecture aux personnes âgées entre deux plans pour dominer le monde ?)
Question sadique : Donnez un talent particulier à votre antagoniste. En quoi peut-il se servir de son talent pour mettre votre protagoniste en difficulté ? A-t-il des compétences en informatique ? Lit-il dans les feuilles de thé ? Maîtrise-t-il la Force ? (on remarquera d’ailleurs que Dark Vador ne se sert jamais vraiment de la Force contre Luke, ce qui en fait un talent très peu exploité.)